Carretera austral...
Quel paysage enchanteur… assis sur les rives du Rio El Encuentro, la lumiere s'assombrit peu à peu. Les derniers rayons de soleil s'aggripent au fond de la vallée.. les nuages bas coiffent les sommets et le vent s'étant endormi, rien ne bouge.. excepté ce rio dont les méandres me murmurent à l'oreille l'histoire du chemin parcouru depuis la goutelette d'eau échappée du glacier, en passant par les cascades dévalées jusqu'à la transhumance direction l'océan. Cette Patagonie aussi calme parait-elle ce soir est pleine de vie. Son ciel appartient à ces oiseaux majestueux… Maître du courant d´air grâce à leur envergure, le moindre coup d'aile parait déplacé, si ce n´est pour plonger sur la proie. Leur festin s'amusant dans les prairies ou sur les pentes enneigées sans se douter du danger.
El Negro lui apprécie la souplesse du ripio mais trouve d´un mauvais goût tous ces petits cailloux placés sur la route. Parfois il se mesure à un cheval ou à une vache folle sans jamais renier ses racines : “Au taquet”. Tout de même il s'est bien assagi et l'expérience aidant il devient expert pour gérer ses efforts. “qui ménage sa monture..” La Patagonie le met à rude épreuve... parfois des trombes d´eau parfois un froid glacial si ce n´est Zéphir qui vient freiner la progression. Sans parler des changements de revêtements, heureusement l´équipe a prévu des pneus sliks semi slik cramponnés à gomme dure ou molle.
Cet après-midi des rencontres insolites avec des gauchos et un paysan. Que du bonheur de pouvoir partager des émotions avec des locaux. Les gauchos, cavaliers infatigables souvent fermés à la discussion malgré les salutations de politesse se sont montrés très ouverts. El Negro ne fut pas peu fier d´emboîter le pas de chevaux racés. Et ne fut-il pas tout autant heureux d´avoir les roues au sec lorsque la pluie se mit à tomber. Déguster une tasse de Nesquik et des tartines si gentiments offertes par cet hôte de la carretera austral.
Ecouter son vécu et son amour pour cette région encore vierge de toute exploitation économique apportait la preuve de sa richesse tant au niveau de la faune et de la flore que des hommes.
Rarement le compteur affiche plus de 20 ou 30 kilomètres avant que le paysage modifie les tons, le climat et les sensations. L´eau composante essentielle de la biodiversité locale est partout : glacier ou manteau de neige recouvrant les montagnes, se transformant en torrent de larmes au printemps pour régénérer les lacs et alimenter des tapis de mousses recouvrant les vallées.
Vous aurez compris de quel enthousiasme El Negro fait preuve devant cette nature… et la perspective d'admirer le Fitz Roy dans quelques jours le rend incontrôlable. Vamos!!